Une famille italienne sur cinq n’a pas payé au moins une mensualité de crédit. Plus généralement, la flambée des taux d’intérêt et de l’inflation a « brûlé » 693 milliards d’euros de patrimoine financier des familles : l’année dernière, le pouvoir d’achat des familles a été réduit de 100 milliards d’euros, soit une perte d’au moins 3 800 euros par famille sur une base annuelle. Tel est le constat dramatique dressé par la coopérative Censis-Confcooperative Focus, qui analyse les conséquences des hausses du loyer de l’argent décidées par la Banque centrale européenne depuis un an pour lutter contre l’inflation galopante. « La BCE tente de lutter contre l’inflation et de défendre l’euro contre la dévaluation par rapport au dollar en augmentant les taux d’intérêt. Cette politique monétaire représente cependant un impôt sur la pierre pour les familles et les entreprises », estime Maurizio Gardini, président de Confcooperative. Aujourd’hui même, la BCE devrait à nouveau augmenter le coût de l’argent, très probablement de 25 points de base, avant la pause espérée à partir de septembre.
Selon l’étude Censis-Confcooperative, l’impact des mesures de l’institut de Francfort « aurait été beaucoup plus lourd sans l’intervention du gouvernement : dans l’analyse effectuée par l’Office parlementaire du budget, le montant des mesures en faveur des familles et des entreprises et de lutte contre l’inflation (réduction des accises sur les carburants, primes sociales, exonérations fiscales, crédits d’impôt, etc.) a atteint 119 milliards d’euros : 5,6 milliards d’euros en 2021, 70 milliards d’euros en 2022, 35,1 milliards d’euros en 2023, tandis que 8,2 milliards d’euros supplémentaires auront lieu au cours de la prochaine période biennale 2024-2025.
« Le résultat combiné de l’inflation et des taux d’intérêt, lit-on dans le document, ajoute à la réduction en termes réels de la richesse nette des ménages, qui enregistreront un solde entre actifs et passifs inférieur de près de 700 milliards d’euros en 2022 par rapport à l’année précédente (-14,4 %).« . En ce qui concerne les intérêts de la dette (2,817 milliards d’euros en mai 2023), les dépenses pourraient s’élever à environ 100 milliards d’euros, soit 40 milliards d’euros de plus qu’en 2020, « un lourd fardeau pour les perspectives de croissance des années à venir », a poursuivi M. Gardini.
Hausse des taux d’intérêt – de 2,21% en juin 2022 à 4,25% en juin de cette année – a également un impact sur le comportement des ménages en matière de dépenses. Ceci est également confirmé par l’évolution du marché immobilier italien, avec une baisse de 17,1 % des achats et ventes de logements entre particuliers et une baisse de 2,5 % des achats et ventes de résidences secondaires. D’où la baisse de 10,1 % des demandes de prêts hypothécaires pour l’achat de logements et de 9,6 % pour les prêts hypothécaires compris entre 50 000 et 150 000 euros. Actuellement, 3,3 millions de ménages (12,8 % du total) sont engagés dans un prêt hypothécaire en cours et, au sein de cette composante, quelque 700 000 ménages ont déjà manifesté des difficultés, retardant le paiement d’au moins une mensualité.
Les entreprises, quant à elles, rencontrent de nouvelles difficultés d’accès au crédit, bien que dans une mesure encore limitée. « En mars de cette année, par rapport à mars de l’année dernière, les prêts aux entreprises du secteur manufacturier ont diminué de 1,5 % et ceux du secteur de la construction de 1,3 % », lit-on dans le document, « La différence entre l’accès au crédit des petites entreprises et celui des moyennes-grandes entreprises est plus importante : pour ces dernières, la réduction au cours de la période a été de six dixièmes de point, tandis que pour les premières, elle a atteint 4,4 % ».« . Des différences sont également constatées dans l’application des taux d’intérêt aux différents types d’entreprises. Parmi les entreprises à risque, en 2022, l’écart entre les taux appliqués à une micro-entreprise et ceux appliqués à une grande entreprise est de plus de deux points et demi de pourcentage (6,5 % pour la première, 3,9 % pour la seconde) ; alors que parmi les entreprises » saines « , l’écart au détriment de la plus petite est de 3,7 points.