La Fed relève à nouveau ses taux d’intérêt lors de sa très attendue réunion de mai, par une décision unanime. Il s’agit d’une hausse « douce », comme prévu, de 25 points de base, le coût de l’argent passant ainsi à 55,25 %. Le moment est peut-être venu de mettre un terme au resserrement monétaire, comme l’indique le communiqué publié à l’issue de la réunion, dans lequel il est précisé que les effets des hausses effectuées jusqu’à présent seront pris en compte avant que d’autres ne soient décidées. Hier, les analystes considéraient comme acquis un nouveau relèvement des taux par la Banque centrale américaine, bien qu’à un rythme réduit par rapport au passé récent. Après tout, au cours des dernières semaines, l’économie américaine a résisté à la crise bancaire et l’on pense qu’elle peut « supporter » un nouveau resserrement.
Plutôt que la décision de la Fed, les investisseurs et les analystes attendaient donc hier avec impatience les commentaires du président Jerome Powell lors de l’habituelle conférence de presse finale, afin de comprendre les mouvements des prochains mois, son point de vue sur l’état du système financier américain et, surtout, s’il y a une indication sur la date de fin du resserrement monétaire de la Réserve Fédérale. Cette attente, du moins en partie, a été récompensée. Nous n’avons pas décidé d’une pause dans les hausses de taux, mais nous avons changé de ton », reconnaît Powell. Bien sûr, la prudence n’est pas absente : « L’activité économique s’est développée à un rythme modeste au premier trimestre. La croissance de l’emploi a été robuste ces derniers mois et le taux de chômage est resté faible. L’inflation reste cependant élevée et le Comité reste très attentif aux risques d’inflation ».
Pourtant, malgré l’engagement ferme de ramener l’indice des prix à l’objectif de 2 %, la Fed déclare qu’elle « surveillera de près les informations reçues et évaluera les implications pour la politique monétaire ». En d’autres termes, elle fera preuve d’une grande prudence à partir de maintenant. La formulation utilisée dans cette déclaration remplace la précédente qui indiquait qu' »un nouveau resserrement pourrait être approprié pour que la politique monétaire reste suffisamment stricte pour ramener l’inflation à 2 % au fil du temps ». C’est de là que vient l’optimisme des marchés. Wall Street a augmenté ses gains après la décision de la Fed et les propos de Powell. Des réassurances viennent également sur la situation des établissements de crédit, après les turbulences des derniers mois. « Le système bancaire est solide et résilient », écrit la Fed, « mais le resserrement des conditions de crédit pour les ménages et les entreprises pourrait peser sur l’activité économique, l’embauche et l’inflation ». Quant à la Silicon Valley Bank et aux autres institutions en faillite, « nous empêcherons que cela se reproduise », a assuré M. Powell. Après la Fed, c’est au tour de la BCE aujourd’hui. Là aussi, une nouvelle hausse est estimée, mais elle ne devrait pas être la dernière au vu de la hausse de 7% de l’inflation dans la zone euro. Pour Francfort, en effet, le cycle de hausse le plus rapide depuis l’après-guerre pourrait se poursuivre jusqu’en juin. Hier, les bourses européennes attendaient « avec confiance » les décisions de la Banque centrale américaine. La séance a été positive, en particulier pour la Bourse de Milan : l’indice Ftse Mib a clôturé en hausse de 0,77 %, à 26 835 points, après le « rouge » de mardi. La Bourse de Francfort, en revanche, a clôturé en hausse de 0,5 %, suivie par Paris et Londres (+0,2 %). Amsterdam a clôturé sans changement et Madrid a légèrement baissé. La séance d’aujourd’hui permettra de savoir comment les bourses européennes réagiront à la décision de la BCE et aux propos de la présidente Christine Lagarde, qui arriveront avec l’ouverture des marchés.