Si l’on s’en tenait à l’aspect quantitatif, le marché du travail, même en Italie (malgré le fait qu’elle se situe en bas du classement européen en termes de nombre de personnes employées), semblerait être en assez bonne santé. Mais si un taux d’emploi « acceptable » ne comble pas les disparités et les inégalités – précarité, bas salaires, catégories pénalisées comme les jeunes et les femmes – il est clair que ce 1er mai sera aussi l’occasion de réfléchir aux trop nombreuses questions critiques qui subsistent dans un monde du travail qui est loin d’être riche, juste et inclusif.
Pour l’Italie, même si l’emploi atteint des niveaux record, avec 23,3 millions de personnes employées et un taux de chômage de 8 % (bien inférieur aux 13 % de 2013), si l’on fait une comparaison avec d’autres pays de l’UE, il y a encore un large fossé à combler. Les dernières estimations fournies par Eurostat indiquent qu’en 2022, 75 % des personnes âgées de 20 à 64 ans dans l’UE avaient un emploi. Il s’agit donc de 193,5 millions de personnes. Parmi les pays de l’UE, onze ont connu des taux d’emploi supérieurs à 78 % (l’un des trois objectifs fixés dans le plan d’action 2030 du pilier européen des droits sociaux), les Pays-Bas (83 %), la Suède et l’Estonie (82 % chacun) étant les plus élevés. Les taux les plus bas ont été enregistrés en Italie (64,8 %), en Grèce (66 %) et en Roumanie (69 %).
Au cours des dernières années de la lente sortie du tunnel de Covid, l’emploi a progressivement augmenté. Le taux d’emploi dans l’UE a chuté à 72 % en 2020 en raison de la pandémie, mais il est remonté à 73 % en 2021 et a encore augmenté de 2 points de pourcentage en 2022. Le taux de 75 % enregistré l’année dernière est le plus élevé depuis le début de la série chronologique en 2009. Au-delà de l’augmentation du nombre de personnes employées, on ne peut ignorer que le marché italien est encore marqué par une trop grande précarité, de faibles salaires pour de nombreux travailleurs et des écarts territoriaux et entre les sexes qui continuent de se creuser. Ce n’est pas un hasard si une étude de Confommercio publiée hier souligne que moins d’une femme sur trois travaille dans le Sud, avec un taux d’emploi de 28,9 % contre 52 % dans le Nord. L’étude montre que le taux d’emploi des femmes en Italie est de 43,6%, contre une moyenne européenne de 54,1%, « un écart beaucoup plus important que celui de l’emploi masculin : 60,3% en Italie, 64,7% en Europe ».
L’une des principales critiques est la qualité du travail, qui, en Italie, suit deux voies différentes. Les entreprises et les travailleurs du centre-nord sont favorisés, tandis que le sud, les jeunes et les femmes sont à la traîne. La dernière enquête de l’Inapp sur la « Qualité du travail » le confirme : elle place notre pays dans une sorte de « juste milieu » entre ceux où la qualité du travail est plus élevée, comme les pays scandinaves, mais aussi l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et les pays de l’Europe de l’Est, qui se situent en bas du classement surtout en raison d’un manque de protection du marché du travail et de l’environnement de travail (OCDE). En particulier, 24% des travailleurs estiment que leur propre santé est menacée sur le lieu de travail, ce qui est le plus préoccupant dans le Sud (28%) et parmi les fonctionnaires (30%). En outre, plus d’un tiers des travailleurs (37 %) déclarent ne pas avoir de flexibilité en matière d’horaires de travail, un pourcentage qui s’élève à 42 % chez les femmes.