Il y a un peu plus d’un siècle, dans la chaleur naissante du mois de mai 1923 -il y a des années heureuses- les Semaine Sainte allait voir sa façon d’être racontée d’une manière nouvelle et décrite. Il s’est promené dans la ville Oliverio Girondo (1891-1967), poète argentin, moteur de l’avant-garde littéraire en Amérique latine. Il est né dans une famille aisée et aisée, et dès son plus jeune âge, il s’est fait un nom. il voyage en Europe, une terre qui le fascine. A tel point qu’il convient avec ses parents de poursuivre ses études de droit à condition qu’ils lui permettent de se rendre sur le vieux continent pendant les mois d’été.
Girondo, dont l’œuvre se distingue en somme par son expérimentation constante et le développement de l’onirisme, parcourt plusieurs pays d’Europe au cours des années 1920 et 1921. Ému et influencé par un continent d’après-guerre où émergent et convergent une infinité de mouvements artistiques, il publie Vingt poèmes à lire dans le tramwayun événement qui marque la naissance de l’avant-garde littéraire en Amérique du Sud. Cependant, son esprit insatisfait et son esprit irrépressible l’ont toujours poussé à écrire sur les manifestations populaires.
Comme nous l’avons dit, en mai 1923, ce poète a visité Séville et sa Semaine Sainte. Ses impressions et opinions ont été recueillies dans Autocollants, un livre publié en 1925, dans lequel la prose poétique est le format prédominant. Ce recueil de poèmes se termine par un texte intitulé Semana Santa (Semaine sainte), dans lequel il raconte presque quotidiennement les jours de la Passion. Avec un humour féroce, et en pointant du doigt certaines pratiques qu’il juge archaïques et théâtrales, le poète est fondamentalement fasciné par la fête : « À Miguel Ángel del Pino qui, avec une exquise gentillesse sévillane, m’a initié aux rites compliqués de la plus belle fête populaire ».
Afin de mettre en évidence et de souligner certains des passages les plus saillants, nous partageons son initiation au festival : Soudain, les portes de l’église s’ouvrent comme celles d’une écluse, et entre les deux une double ligne de nazaréens qui canalisent la foule, Les spectateurs, tordus par l’émotion, arrachent leurs vestes et leurs chapeaux, se tordent dans des postures de capeur, crient des compliments que les nazaréens tentent de faire taire comme l’amortisseur qui leur cache la tête.
Girondo a eu une connaissance directe de la Madrugada du Vendredi Saint, où il a réalisé une composition anthropologique fascinante, en se concentrant une fois de plus sur le caractère des gens : Dans le reste de la ville, la lueur des « pasos » éclaire les visages avec une technique à la Rembrandt. Les ombres prennent plus d’importance que les corps, elles mènent une vie plus aventureuse et plus tragique. La confrérie du « Silence », surtout, projette sur les murs blancs un « film » disloqué et absurde, où les ombres grimpent sur les toits, violent les chambres des femmes, s’enterrent dans les cours endormies /… Parmi les « saetas » conservées en aguardiente, la « Macarena » passe, avec son escorte romaine, Les spectateurs, alignés le long des trottoirs, sont visibles dans leurs boucliers en laiton / C’est l’heure des churros et de l’anisette !
Enfin, ce bon vieux Girondo est déjà complètement découragé et l’enchaînement des étapes déclenche son impatience : Puis on nous dévisse la tête, on nous déboutonne les côtes, on tente de nous voler nos reins, en même temps qu’un son de cloches insensé nous plonge dans la stupeur… Puis… Cela fait des semaines ? cela fait des minutes ? …. Une cloche plonge, comme une sonde, dans notre oreille, nous hisse à la surface du matelas… Nous avons à peine le temps d’atteindre la sépulture !….Quatre cent soixante-dix-huit mille sept cent quatre-vingt-dix-neuf « marches » de plus ?
Un autre parmi tant de voyageurs, d’artistes, de philanthropes et de chroniqueurs qui ont consigné, pour le bonheur des générations suivantes, leur vision de la Semaine Sainte sévillane, fête universelle et légendaire.