Les revenus des citoyens des trente-huit pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont été doublement touchés par la forte inflation, faisant de 2022 l’une des années les plus difficiles pour les finances personnelles des habitants des pays à économie « développée », soit environ 1,3 milliard de personnes. Le premier coup porté par la hausse des prix est bien sûr direct : l’inflation moyenne dans la zone OCDE a doublé l’année dernière, passant de 4 % à 9,6 %.
Partout, les syndicats se sont mobilisés pour tenter de défendre le pouvoir d’achat des travailleurs. Dans de nombreux cas, ils ont réussi (en Italie moins qu’ailleurs), suscitant également plus d’une inquiétude dans les bureaux des grandes banques centrales, qui craignent le début de la redoutable spirale salaires-prix, citée à plusieurs reprises, y compris par notre gouverneur Ignazio Visco. En tout état de cause, les augmentations salariales ont rarement équilibré la croissance des prix. Dans le rapport Taxer les salaires 2023, publié hier, l’OCDE note que dans 35 des 38 pays membres, les salaires ont augmenté moins vite que l’inflation.
Le pouvoir d’achat des ménages a donc diminué presque partout : les seules exceptions dans la zone OCDE sont la Hongrie, la Colombie et la Suisse. En moyenne, l’année dernière, l’évolution réelle des salaires, c’est-à-dire l’évolution tenant compte de l’inflation, a été une baisse de 3,3 %. Les salaires ont toutefois augmenté, avec une croissance moyenne de 7 %, ce qui a entraîné un deuxième effet désagréable. En effet, dans tous les États où l’impôt sur le revenu est progressif, et où les taux augmentent donc à mesure que les salaires augmentent, la croissance des salaires peut entraîner une augmentation du pourcentage du revenu à verser à l’État. C’est ce qui s’est passé dans la majorité des pays de l’OCDE. Y compris l’Italie. Le revenu brut moyen des travailleurs italiens, selon les données recueillies par l’organisation basée à Paris, a augmenté l’année dernière de 32 029 euros à 33 855 euros, soit une hausse de 5,7 %. Toutefois, si l’on tient compte de l’inflation, le revenu réel moyen a baissé de 2,2 %.
Pourtant, en raison de la rigidité des taux de l’Irpef, qui, comme nous le savons, ne s’ajustent pas (comme c’est le cas dans 17 pays de l’OCDE), l’imposition sur le revenu moyen des citoyens a augmenté, de nouveau de 2,2 %. Les familles se sont donc retrouvées avec un peu plus d’argent, mais elles ont dû dépenser plus qu’avant et elles ont également dû augmenter leur contribution au Trésor public. L’Italie reste en cinquième position pour le poids du coin fiscal sur le coût du travail : la part du revenu des salariés qui revient à l’État entre les impôts et les cotisations est passée à 45,9 %, soit 0,47 point de pourcentage de plus qu’en 2021. La distance entre les coûts du travail et le revenu net du travailleur n’est plus élevée qu’en Belgique, en Allemagne, en France et en Autriche. La moyenne de l’OCDE est de 34,6 %, ce qui n’est pas négligeable. Le coin fiscal italien est principalement constitué des cotisations payées par l’entreprise (24% du coût du travail), puis de l’Irpef (15,3%) et enfin des cotisations payées par le travailleur (6,6%).
Au niveau de l’impôt sur le revenu en tant que part des coûts totaux du travail, aucun pays en 2022 n’a connu une augmentation comparable à celle de l’Italie : 1,07 point de pourcentage de plus, alors que la moyenne de la zone OCDE est une croissance de seulement 0,05 point. Le rapport de l’OCDE propose également une comparaison de la situation des familles, avec des résultats intéressants. Pour une famille avec deux enfants – dont les deux parents travaillent, l’un ayant un revenu conforme à la moyenne nationale et l’autre gagnant un tiers de moins que la moyenne – l’augmentation de la charge de l’Irpef sur les coûts salariaux atteint 2,89 points de pourcentage. Cependant, le coin fiscal de cette « famille type » a diminué de près de deux points, pour atteindre 37,4 %. Cela est dû à l’allocation universelle unique, en vigueur depuis un peu plus d’un an, qui a entraîné une augmentation de 4,7 points du coût total du travail de ce que l’on appelle les « prestations en espèces ».
Ce que l’OCDE appelle la « préférence fiscale » pour les familles, c’est-à-dire la différence du coin fiscal entre une personne seule et un couple avec deux enfants lorsqu’une seule personne travaille, est de 11 % en Italie, soit un peu plus que la moyenne de l’OCDE (qui est de 8,9 %). Cet indicateur a progressé de 1,4 point l’année dernière, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.