Les inégalités entre territoires (surtout Nord-Sud) et le désavantage de la population féminine se creusent, mais c’est surtout en ce qui concerne le bien-être des jeunes, tant en termes de formation que d’entrée dans la vie active, que l’Italie recule sur divers aspects par rapport à la situation de 2019, c’est-à-dire celle d’avant la Covid. C’est une image sombre qui ressort du rapport Bes édité par l’ISTAT, qui souligne également l’impact de la pandémie avec une réduction significative de l’espérance de vie à la naissance en 2020 au niveau national (jusqu’à 82,1 ans), qui n’a été que partiellement récupérée en 2021 (82,5 ans) et 2022 (82,6).
Ménages en difficulté
Sur les 109 indicateurs pour lesquels on dispose de données permettant d’établir des comparaisons, plus de la moitié des indicateurs (53,2 %) ont enregistré une amélioration en dépassant le niveau de 2019 au cours de la dernière année disponible ; un tiers d’entre eux étaient moins bons qu’en 2019, tandis que les 13,8 % d’indicateurs restants sont restés stables aux niveaux antérieurs à la pandémie. C’est dans les domaines de la sécurité, de la qualité des services et de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée que les progrès ont été les plus importants, avec plus de 72 % des indicateurs à des niveaux indiquant une amélioration par rapport à 2019. En revanche, les domaines présentant les tendances les plus critiques au cours des trois dernières années sont les relations sociales, le bien-être subjectif, le bien-être économique et l’éducation et la formation, la plupart des indicateurs s’étant détériorés. En particulier, dans le cas du bien-être économique, la perception de la situation économique du ménage se détériore, avec une augmentation de près de 10 points de pourcentage de la part des ménages déclarant que leur situation économique s’est détériorée par rapport à l’année précédente (35,1 % en 2022). Dans le domaine de l’environnement, les changements dans les conditions climatiques sont de plus en plus évidents, en particulier l’augmentation des températures et des événements extrêmes, comme en témoignent les indicateurs sur la durée des périodes chaudes, des sécheresses et des inondations.
Les jeunes
Le rapport 2022 souligne que ce sont surtout les jeunes et les enfants qui ont fait les frais des restrictions imposées par Covid. Le bien-être psychologique des 14-19 ans s’est dégradé en 2021 : le score de cette tranche d’âge (mesuré sur une échelle de centièmes) est passé à 66,6 pour les filles (-4,6 points par rapport à 2020) et à 74,1 pour les garçons (-2,4 points par rapport à 2020). Au cours des années pandémiques, ce sont précisément les 14-19 ans qui ont connu une détérioration significative de leur satisfaction de vie, le pourcentage de très satisfaits passant de 56,9 % en 2019 à 52,3 % en 2021. Et si les adolescents insatisfaits avec un faible score de santé mentale représentaient 3,2% du total en 2019, en 2021 ce pourcentage a doublé (6,2%) ; cela représente environ 220 mille jeunes de 14 à 19 ans qui se déclarent insatisfaits de leur vie et se trouvent, en même temps, dans un état de mauvais bien-être psychologique. « D’autre part, souligne Gian Carlo Blangiardo, président de l’ISTAT, les mêmes phénomènes d’intimidation, de violence et de vandalisme de la part des très jeunes, qui ont occupé l’actualité ces derniers mois, sont des manifestations extrêmes d’une souffrance et d’une inquiétude généralisées et peut-être non passagères.
Le nombre de jeunes participant à des activités sportives a diminué de 20,9 % à 18,6 % et la proportion de consommateurs d’alcool à risque parmi les 14-17 ans a augmenté (23,6 %). Entre 2019 et 2021, la proportion de jeunes de 14 à 24 ans qui déclarent rencontrer des amis au moins une fois par semaine a également diminué, passant de 89,8 % à 73,8 %. Dans ce groupe d’âge, le pourcentage de ceux qui se disent très satisfaits de leurs relations familiales a également diminué (-4 points). La proportion de jeunes de 14 à 19 ans des régions méridionales qui déclarent avoir des parents, des amis ou des voisins sur lesquels ils peuvent compter a également diminué (de 86,1 % à 78,3 %).
En ce qui concerne l’emploi, en 2019, le taux d’emploi des 25-34 ans en Italie était le plus bas de tous les pays européens, avec un écart particulièrement important pour les filles. Avec l’arrivée de la pandémie, la situation des jeunes sur le marché du travail s’est encore détériorée, en particulier pour les femmes, dont le taux d’emploi a subi les plus grandes pertes. L’Italie détient le triste record européen du nombre de jeunes âgés de 15 à 29 ans qui ne suivent plus d’études ou de formation et n’occupent même plus d’emploi, ce que l’on appelle le Neet. Le taux d’abandon scolaire précoce est également très élevé : en 2021, 12,7 % des jeunes de 18 à 24 ans ont quitté le système éducatif sans diplôme ni qualification. Le Mezzogiorno a perdu 21 782 jeunes diplômés pour la seule année 2020.
Environnement
Sur le plan de l’environnement, le Bes souligne également comment « En 2021, les émissions de CO2 et d’autres gaz modifiant le climat (ou gaz à effet de serre) générées par les activités économiques et les ménages augmenteront à nouveau pour atteindre une valeur de 7,0 tonnes d’équivalent CO2 par habitant ; la réduction enregistrée en 2020 en raison des restrictions imposées pendant la période de blocage sera en partie récupérée. Par ailleurs, « les effets du changement climatique en termes de températures et de précipitations sont de plus en plus évidents », note le rapport : « En 2022, le phénomène, déjà observé en 2021, d’une moyenne de 40 jours de forte chaleur par an (+34 jours par rapport à la médiane de la période climatique de référence 1981-2010) s’accentuera. L’intensité des journées chaudes est encore plus marquée dans le Centre, avec 55 jours chauds dans l’année (+52 par rapport à la période climatique de référence). La croissance est répartie sur l’ensemble du pays ».