lun. Déc 23rd, 2024


Que s’est-il passé avec la Silicon Valley Bank ?

La Svb était la 16e banque des États-Unis, spécialisée dans les services aux start-ups, c’est-à-dire aux jeunes entreprises innovantes. Ces dernières années, grâce aux politiques d’expansion monétaire de la Réserve fédérale, les fonds investissant dans les start-ups ont considérablement augmenté leurs opérations. Les start-up se sont retrouvées avec beaucoup plus d’argent à leur disposition que d’habitude : les dépôts sur les comptes de la Svb sont passés de 100 milliards en 2018 à 375 milliards en 2022. La banque a investi beaucoup d’argent dans des obligations d’État américaines, c’est-à-dire des placements très sûrs. Or, avec la remontée des taux, les fonds investissant dans les start-ups ont réduit leurs financements et les entreprises ont donc commencé à retirer l’argent déposé en grande quantité pour prendre de l’avance. La banque a dû rééquilibrer ses ratios de capital : pour ce faire, elle a vendu les obligations d’État, mais à un prix inférieur à celui qu’elle avait payé. Il en résulte une perte de près de 2 milliards de dollars, ce qui déclenche un effet de panique. Les entreprises se sont empressées de transférer leur argent vers d’autres banques. Vendredi dernier Svb a été placée sous le contrôle du fonds interbancaire américain. et est maintenant en vente.

Parce que les problèmes de cette banque ont eu un tel impact sur les bourses du monde entier ?

Svb n’est pas une grande banque (elle avait 210 milliards d’actifs), mais il s’agit tout de même de la deuxième plus grande liquidation d’une banque américaine depuis 2008. La crainte qu’elle suscite est que d’autres banques américaines connaissent des problèmes similaires en raison de la hausse rapide des taux de la Fed, qui sont passés de zéro à 4,75 % en moins d’un an. Le fonds interbancaire américain a estimé que si toutes les banques devaient vendre leurs titres en portefeuille comme Svb a été contrainte de le faire, la perte cumulée serait d’environ 620 milliards de dollars. La méfiance générée par la crise de cette banque a également provoqué une « ruée sur les agences » dans d’autres banques américaines : les épargnants déplacent leur argent des banques régionales et moyennes vers les plus grandes, considérées comme plus fiables.

Y a-t-il un risque de contagion mondiale ?

Lorsqu’une crise affaiblit la confiance dans le système bancaire, il y a toujours un risque que la situation dégénère, alimentant des crises plus graves. Dans le cas présent, le risque de contagion à la Lehman Brothers semble peu probable. Les problèmes de la Svb ont des caractéristiques communes avec les difficultés d’autres banques qui luttent pour s’adapter à un environnement de taux d’intérêt élevés, mais en même temps, cette banque si étroitement liée aux start-ups a des problèmes très particuliers. Par ailleurs, aux États-Unis, la Fed et le gouvernement sont intervenus dimanche avec des mesures d’urgence qui ont contribué à restaurer la confiance, avec des prêts pour aider les banques qui ont investi dans des obligations du Trésor qui paient des taux beaucoup plus bas, et avec un engagement à garantir les dépôts des banques liquidées même au-delà du seuil garanti par la loi de 250 000 dollars.

Pourquoi alors les actions des banques italiennes et européennes se sont-elles si mal comportées ?

Lorsque le marché s’affole, les investisseurs ne sont pas très sélectifs dans leurs choix, souvent aussi parce qu’ils s’appuient sur des systèmes automatisés. Après la révélation de l’affaire de la Silicon Valley Bank vendredi, les investisseurs se sont empressés de vendre les actions des banques sur toutes les places boursières du monde. Dans certains cas, les baisses ont même été à deux chiffres, car les pertes d’actions ont dépassé les seuils qui déclenchent les ventes automatiques. Toutefois, dès la séance d’aujourd’hui, les bourses commencent à rattraper leurs pertes.

Cette crise va-t-elle stopper les hausses de taux de la Fed et de la BCE ?

C’est possible, mais ce n’est pas gagné d’avance. Les banques centrales sont bien conscientes que la hausse des taux peut créer des déséquilibres dans les bilans de certaines institutions qui, dans des cas particuliers, comme la Svb, ont été particulièrement négligentes (et quelque peu malchanceuses) dans leur gestion financière. On saura bientôt si la BCE et la Fed souhaitent faire une pause. La BCE a déjà annoncé son intention de relever ses taux de 50 points de base supplémentaires (à 3 %) lors de la réunion de ce jeudi. La Réserve fédérale américaine se réunira la semaine prochaine : elle devrait relever ses taux de 50 points de base supplémentaires, pour les porter à 5,25 %, mais les investisseurs parient aujourd’hui qu’elle ne le fera pas.

By Nermond

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