dim. Déc 22nd, 2024

C’est un Mercredi des Cendres Une période assez mouvementée dans le Palais de l’Archevêque. Plusieurs médias ont été cités pour l’interview de l’archevêque de Séville, Monseigneur José Ángel Saiz Meneses.à l’occasion du début de la Carême.

Le prélat s’occupe de Diario de Sevilla dans son bureau, inondé de la luminosité d’un matin de février. Avec un sourire et une poignée de main, il accueille le rédacteur et le photographe.



Tout d’abord, il lui demande s’il veut donner des réponses longues ou courtes, pour faciliter au maximum le montage. Il prend place dans le fauteuil. L’horloge de la pièce est sur le point de sonner midi. L’heure de l’Angélus :

-C’est votre deuxième Carême à Séville. Après votre expérience dans d’autres diocèses, ce temps de Carême a-t-il été absorbé par les confréries ou acquiert-il l’importance qui lui manque dans d’autres domaines ?

-Je ne dirais pas qu’il a été absorbé, mais il est conditionné en partie par les confréries. Dans la Semaine Sainte, le mystère pascal du Christ est célébré à travers les offices et aussi à l’extérieur avec les processions, qui ici à Séville atteignent leur expression maximale. Elle fait toujours partie de la fête pascale du Christ. Ce sont des célébrations complémentaires et qui se renforcent mutuellement.

-Ce qui est clair, c’est que les confréries freinent la vague de sécularisation qui existe dans d’autres régions d’Espagne…

-Oui, elles constituent un mur de soutènement. Et en elles, la transmission de la foi, qui se faisait dans les familles, dans les écoles et les paroisses, et qui aujourd’hui devient de plus en plus difficile, se fait de manière très naturelle et fluide. Dans les familles, lorsque le dîner est terminé, chacun va dans sa chambre pour surfer sur internet et consulter ses comptes de médias sociaux, il n’y a donc pas de temps pour dialoguer ou prier ensemble. À l’école, c’est plus difficile, et dans les paroisses, ceux qui y vont. Nous trouvons aussi une importante expression extérieure de la foi dans les confréries. Il est difficile de trouver des adolescents et des enfants qui sortent dans la rue pour exprimer leur conviction religieuse. Dans de nombreux endroits, les gens trouvent cela difficile. Cependant, nous devons purifier les adhésions qui peuvent s’incruster avec le temps afin de nous concentrer sur l’essentiel. Mais pas seulement dans les confréries, partout.

Ces derniers mois, les confréries ont fait l’actualité à cause de la polémique suscitée par les changements d’ordre et d’horaire pendant la Semaine Sainte. Ne risque-t-on pas de donner une image d’égoïsme qui n’est pas conforme à l’Évangile ?

-Les confréries grandissent, Dieu merci. Le nombre de nazaréens augmente, mais pas l’espace des rues et du temps. Tout harmoniser n’est pas si simple, et il faut chercher des solutions, qui ne peuvent pas être satisfaisantes pour tous, donc il faut faire des sacrifices, et parfois ce sont toujours les mêmes qui doivent les faire. Il est logique que chacun défende son propre terrain. Mais il est important de ne pas oublier une chose : ces conflits se résolvent dans une ambiance familiale, la famille de l’Église de Séville, et dans la fraternité. Parfois, il peut y avoir des tensions, comme dans toute famille, mais c’est l’horizon que nous ne devons pas oublier. Ensuite, nous devons être patients et faire des sacrifices.

« Il est difficile dans d’autres endroits de trouver des enfants et des adolescents qui sortent dans la rue pour exprimer leurs croyances religieuses ».

-Ces derniers jours, un nouvel ajout à la liste des confréries a été annoncé. Cette année, il y aura des nazaréens dans le Polígono Sur. La Semaine Sainte est-elle la fête qui donne à la ville sa colonne vertébrale, même dans les quartiers les plus défavorisés ?

-L’une des conclusions que je tire, après presque deux ans, depuis que je suis à Séville, est que la société est largement structurée par les confréries.

-Le nouveau Congrès international des confréries et de la religiosité populaire se prépare pour 2024. Quels sont les défis à relever lors de cet événement ?

-La devise, Marcher dans l’espoira deux liens. L’un, avec le congrès de 1999, qui avait un très bon slogan : L’Église en marche. Et l’autre, avec le Jubilé de l’Église universelle pour 2025, dont la devise est Pèlerins de l’espérance. Notre devise combine les deux concepts, le chemin et l’Espérance. Ce congrès se veut une continuité avec le précédent, avec toute la vie des confréries (qui est séculaire) et aussi un regard vers l’avenir. Il doit donc devenir un événement de grand contenu dont nous espérons tirer un corps de doctrine et des critères pour avancer dans le troisième millénaire et élargir l’horizon.

-Le congrès aura-t-il un colophon avec une dévotion universelle liée à la devise ou l’accent sera-t-il mis sur la province ?

-Je peux seulement dire, pour le moment, que ce sera un grand colophon et que, bien sûr, il sera inclusif. Une dévotion plutôt intégratrice.

Dans votre réflexion d’avant Carême, vous avez encore fait allusion à la loi sur l’avortement. Comprenez-vous que certains confrères la considèrent comme un droit ?

-L’avortement ne peut jamais être considéré comme un droit. Je fonde ma défense de la vie sur la Parole de Dieu. « Tu ne tueras pas », cinquième commandement. La vie est un don de Dieu et personne n’a le droit de la retirer à une autre personne, de la conception à la mort naturelle. Dire « je fais ce que je veux de mon corps » n’est pas vrai, car c’est une autre personne que vous portez en vous, mais ce n’est pas votre corps. Je ne comprends pas pourquoi une confrérie défendrait l’avortement comme un droit. Je parlerais au confrère pour lui expliquer ces concepts et la morale catholique.

« Je peux seulement dire que le Congrès international des confréries aura un grand point culminant avec une dévotion assez inclusive. »

-En parlant de nouvelles lois, quelle est votre opinion sur la loi trans ?

-Nous devrions regarder la direction que prend la législation dans d’autres pays où une loi similaire a été promulguée il y a des années et maintenant ils plient leurs voiles. A mon avis, la loi trans n’a aucun sens et est un non-sens.

-Il y a un mois, un djihadiste a assassiné un sacristain à Algeciras. N’avez-vous pas constaté à cette époque un plus grand soutien des pouvoirs politiques à l’Eglise catholique ?

Peut-être qu’ils auraient pu être plus déterminés dans leur manifestation, mais il y a eu une condamnation de l’acte par tous. Il faut aussi se mettre dans le rôle des responsables politiques, qui essaient de ne pas attiser la situation, mais de la calmer. Dans tous les cas, ils doivent défendre le peuple, ses droits, le pays, ses traditions et son histoire.

Nous sommes dans une année électorale, où les candidats seront vus plus souvent que d’habitude dans les confréries. Les confréries et le pouvoir politique peuvent-ils être un couple dangereux ?

-Le pouvoir politique est une sphère et les confréries sont des associations publiques de fidèles, des entités de l’Eglise. Il doit y avoir une saine collaboration et un rapport correct, institutionnel et personnel. Il n’y a pas de binôme possible. A Dieu ce qui appartient à Dieu et à César ce qui appartient à César. Or, une saine collaboration avec les fidèles, qui sont des citoyens, est toujours une bonne chose.

Le pape François a conseillé que les homélies ne soient pas trop longues. Avez-vous reçu des plaintes de fidèles concernant la longueur de certains sermons ?

-Non, pas pour le moment (rires).

-Donnez-vous des recommandations aux prêtres en la matière ?

-Il peut y avoir des homélies longues qui ne sont pas fatigantes et des homélies courtes qui sont ennuyeuses. Il est vrai que le proverbe dit « si une bonne chose est courte, elle est deux fois plus bonne ». Il ne faut pas oublier que de nos jours, selon les experts en communication, il est difficile pour les gens de maintenir leur attention pendant plus de huit minutes. Soit l’orateur est très bon et sait comment retenir l’attention, soit il ne vaut pas la peine de s’éterniser car l’auditeur se déconnectera.

« Soit l’orateur est très bon et sait maintenir l’attention, soit ce n’est pas la peine de rallonger le sermon, car le fidèle se déconnecte. »

-Il y a des homélies qui se transforment en prêches….

-L’homélie est une exhortation, dans laquelle on commente certaines idées de la Parole de Dieu, dans le but ultime de toucher le cœur des fidèles et de les pousser à la conversion. Il s’agit de provoquer chez les croyants un sursaut du cœur pour changer. Il ne s’agit pas d’un cours, d’un discours ou d’une catéchèse. D’ailleurs, dans le monde d’aujourd’hui, les images sont déjà plus prédominantes que les mots. Le pape François en est un exemple.

-Et vous, avec votre profil Twitter actif ?

-(rires). Quand je vais dans une paroisse, je poste un tweet. Si un conseil de fraternité vient me rendre visite, aussi. J’essaie de traiter tout le monde de la même manière. Et je poste aussi mes propres réflexions sur la Parole de Dieu.

-Les réseaux sociaux sont-ils un nouveau moyen d’évangélisation ?

-Les réseaux et les médias peuvent faire un bien extraordinaire, mais s’ils ne sont pas utilisés correctement, ils peuvent faire du mal. En Catalogne, dans un cours, on nous a encouragés, nous les évêques, à utiliser les réseaux. J’ai également été convaincu lorsque le pape Benoît, si sérieux et profond, a ouvert un compte Twitter. Le mien a beaucoup augmenté en nombre de followers depuis que je suis à Séville. Il est clair pour moi que c’est pour annoncer Jésus-Christ, pas pour le narcissisme. Les réseaux ont beaucoup de possibilités pour l’évangélisation car c’est le moyen actuel de communication des gens.

-Je ne peux pas résister à l’envie de vous parler de ce sujet. La nouvelle table d’autel de l’église de Santa Clara, récemment restaurée, a finalement été enlevée. Était-elle à votre goût ?

-(Long silence). Elle ne convenait tout simplement pas. Nous avons dû chercher quelque chose qui s’intégrerait mieux dans le temple. Même en comprenant les critères de ceux qui le défendaient et en faisant un effort, ça ne collait pas. Bref, pas de mots (rires).

By Nermond

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