dim. Déc 22nd, 2024

La loi budgétaire adoptée par le gouvernement Meloni a été jugée, en général, réaliste et prudente. On ne peut qu’être d’accord avec cela, étant donné qu’il est basé sur les ressources disponibles et la nécessité de respecter la contrainte budgétaire. Pour reprendre les termes du ministre de l’économie, « pour chaque euro dépensé, il doit y avoir une couverture, de sorte que pour chaque euro dépensé, il y ait un euro de plus en recettes ou de moins en dépenses ».

Il s’agit d’une loi réaliste et prudente également parce qu’elle tient compte, de manière implicite et appropriée, de la situation de grande incertitude dans laquelle nous vivons, liée non seulement à la crise énergétique mais aussi à la situation économique générale. Les interventions qu’il envisage sont liées avant tout à la nécessité incontestable de contrer, de manière temporaire, l’augmentation de la facture énergétique et, avec elle, le poids de l’inflation sur les familles et les entreprises.

Il n’y a pas, comme c’est presque toujours le cas dans les lois budgétaires, d’interventions orientées vers la résolution des problèmes structurels de notre économie, car ce ne sont pas celles qui ont été prises en matière de fiscalité et de pensions, au-delà de la discussion approfondie qu’elles ont suscitée.

Cependant, à un moment où la vague inflationniste semble beaucoup plus difficile à maîtriser que ce que la BCE a considéré comme « temporaire », et face à un scénario de récession qui devient de plus en plus probable, les questions – non résolues – d’équité et de développement montrent une fois de plus leur caractère central et urgent.

Tant la question de la redistribution liée à l’affaire inflationniste doit être abordée immédiatement, car elle ne peut certainement pas être considérée comme résolue par les interventions sur les factures, que celle du taux de croissance, qui reste le problème non résolu de notre économie.

L’inflation affecte différemment les salariés à revenus fixes et non fixes, les producteurs et les consommateurs, les débiteurs et les créanciers. Elle ouvre, en effet, un processus de redistribution entre les producteurs qui peuvent répercuter l’augmentation de leurs coûts sur les prix et l’Etat qui voit la valeur réelle de sa dette et de ses dépenses diminuer. C’est une question fondamentale qui doit être abordée en même temps que celle des politiques à mettre en place pour augmenter notre taux de croissance.

Pour intervenir avec succès, nous devons rétablir une équité distributive qui ne peut être confiée au seul instrument fiscal. Il est bien plus important de procéder à une réaffectation budgétaire qui rende les services publics, en particulier la santé, l’éducation et la formation, accessibles et équitables pour tous.

Il faut, pour donner des exemples, que les dépenses budgétaires soient capables de réduire les files d’attente pour les services hospitaliers, les dépenses de sa poche pour les services de santé, augmenter les soins hospitaliers sur le territoire, rendre homogène la qualité des services scolaires fournis, diminuer les abandons scolaires et augmenter la formation, en faisant en sorte que les Neet (ceux qui n’étudient ni ne travaillent) et les précepteurs du revenu de citoyenneté utilisent l’ascenseur social le plus important, celui de la formation.

Il ne fait aucun doute qu’un budget public qui a atteint et dépassé le trillion de dépenses offre au gouvernement Meloni une opportunité extraordinaire, étant donné la force de la majorité dont il dispose. Il s’agit de réaliser, en surmontant la résistance des lobbies et des groupes de pression, une recomposition des dépenses en faveur des services publics essentiels, vague mais jamais réalisée dans le passé.

Il ne s’agit pas – qu’il soit clair – de faire des dépassements de budget, mais de réduire les bonus, les dépenses inutiles et l’évasion fiscale qui nuisent à l’équilibre et de parvenir à l’équité comme condition nécessaire au développement.

Il s’agit là d’un point central, car la stagnation des salaires, le mécontentement généralisé face à l’insuffisance des possibilités d’emploi et l’insuffisance de la cohésion sociale ne vont pas de pair avec les investissements dans l’innovation dont le pays a besoin pour accroître la productivité et la croissance.

En ce qui concerne l’innovation, il n’est pas nécessaire de recourir uniquement aux technologies sophistiquées de l’automatisation et de l’intelligence artificielle. Malgré les difficultés que la crise énergétique a engendrées, elle offre d’extraordinaires possibilités d’innovation tant au niveau de l’efficacité que des réseaux de distribution. Il suffit de penser au cas du 110% où l’incitation à adopter des technologies innovantes aurait pu avoir une signification très différente.

Les choix susceptibles d’affecter la croissance de l’économie à moyen terme sont à ce stade liés au PNR, ce qui lui confère, si possible, une importance encore plus grande que celle qu’il a déjà. Les opportunités d’investissement offertes par le Pnrr ne doivent pas être considérées dans l’abstrait mais en relation avec le cadre évolutif de l’économie auquel nous serons confrontés. C’est la seule façon de tirer le meilleur parti du potentiel qu’elle offre pour augmenter le taux de croissance du pays.

C’est pourquoi, s’il convient de prendre en compte les ouvertures de la Commission européenne concernant les ajustements possibles du PNR, il faut les saisir afin d’exploiter au mieux son potentiel, en évitant qu’elles ne se traduisent par des retards et/ou des conflits par rapport à l’objectif de croissance. Et, surtout, favoriser les projets d’investissement dans lesquels la dépense n’est pas un objectif en soi mais est associée à des augmentations de productivité des infrastructures et des capacités de production mises en œuvre.

Pas seulement ça. La perspective pluriannuelle du PNR est associée – il est important de le garder à l’esprit – à la perspective similaire de la proposition de la Commission européenne pour les nouvelles règles de stabilité, qui prévoit des processus de rééquilibrage de la dette et du déficit à mettre en œuvre dans le temps. Cela confirme la nécessité d’un projet qui va au-delà de la perspective annuelle de la loi budgétaire. D’autant plus que la politique anti-inflationniste menée, comme elle en a le droit, par la BCE produit un effet récessif dont il faut tenir compte. Elle est associée à des tensions potentielles sur le refinancement de notre dette publique en raison de la hausse des taux et du transfert progressif sur le marché des obligations publiques achetées ces dernières années par la BCE. C’est tout cela qu’il faut prendre en compte, en préparant un cadre d’interventions pluriannuelles capables d’influencer la tendance spontanée de l’économie, capable de donner une réponse cohérente, bien qu’implicite, aux nouvelles règles envisagées par la Commission d’une stabilité liée à des processus d’ajustement dans le temps.

Economiste, Professeur 

By Nermond

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