Léonard de Vinci avait coutume de dire que la beauté était éphémère dans la vie, mais infinie dans l’art. Et plus d’un universitaire a opté pour la beauté comme un chemin, un voyage direct pour atteindre Dieu, que nous présupposons être l’éternité. La beauté peut se manifester sous de multiples formes et compositions, par de nombreux canaux. Et l’un des piliers de la Semaine sainte à Séville est sa beauté, même si elle n’est pas toujours abondante et pas toujours généreuse. La confrérie Hermandad de los Estudiantes célèbre cette semaine (février déjà, mon Dieu) le triduum en l’honneur de la Virgen de la Angustia, sa titulaire Vierge douloureuse, qui est déjà préparée et habillée pour l’occasion.
Et, comme toujours, l’impact a été aveuglant et franc, directement au cœur de nous-mêmes. Si à une image de catégorie indéfinissable on ajoute du tact et du goût dans l’habillage, le résultat est inqualifiable. Si même les pièces et les broderies dégagent la valeur inégalable de la personnalité… Le résultat, ce sont les photographies qui s’y rapportent. Nous osons dire que la Vierge de l’Angoisse incarne à elle seule cette beauté impondérable qui demeure dans l’art. Et malgré ses deux cents ans, si fraîchement achevée, cette peau sans plis ni impuretés brûle dans la sensibilité de ceux d’entre nous qui aiment la beauté et la croient capable de changer l’univers.
Que penseraient les voisins de la Luzerne ? quand il est arrivé à la Costanilla? Une ville du dix-neuvième siècle, turbulente et convulsée, s’ouvre immensément aux yeux de cet adolescent chagrin. Et seule, si seule, elle resta là, à San Isidoro, inconsciente de l’agitation des pêcheurs et regardant toute une confrérie se dissoudre à jamais dans l’oubli et la dette. Elle a été sauvée par les étudiants de l’université – mérite de José Hernández Díaz – qui l’ont appelée Angustia (angoisse) de ce doux nom. Définitif, accablant et très personnel. Et fragile. Très fragile. Comme un château de sable blanc qui se dilue dans l’air sous l’impulsion de la marée. Comme un rosier plein de soleils, comme un cristal de rosée sur les tiges de janvier, comme la neige qui fuit le printemps.
Comme le Virgen de la Angustia l’après-midi du Mardi saint.