L’église paroissiale de San Julián est une relique. Pour ce qu’elle enseigne, ce qu’elle cache, ce qu’elle indique, ce qu’elle symbolise. C’est un martyr qui surmonte son propre châtiment. Une forteresse renaissant de la faillite qui a gagné le droit d’écrire un chapitre de l’histoire sociale, religieuse et anthropologique de notre ville. Situé dans un espace stratégique et significatif, sa relation avec la Hermandad de la Hiniesta est absolument indiscutable. De Mosén Per de Tous à Rodríguez Ojeda ; de la gloire à la pénitence, des premiers capirotes vus à Séville au soleil bleu du dimanche des Rameaux sur la pierre fatiguée de ses murs.
La Confrérie de La Hiniesta célèbre actuellement son Quinario, qui culminera avec la Fonction principale dimanche. C’est un autre des rites qui marquent la transition entre l’hiver et le printemps, entre l’obscurité et les fleurs. Le Christ de la Bonne Mort se dresse sur un escalier de lucioles orange, au-dessus de tous ces points de lumière qui s’intègrent si bien dans les creux gothico-mudéjars de l’ancienne Puerta de Córdoba. Marie-Madeleine donne aux cieux sombres un geste de tendre attente. La très délicate Vierge douloureuse de La Hiniesta, clé pour comprendre tant de choses sur ce que nous sommes aujourd’hui, porte une robe hébraïque, un vêtement né de l’ingéniosité de Rodríguez Ojeda pour surmonter les difficultés économiques à une époque (début du XXe siècle) où les vêtements de la Vierge douloureuse n’occupaient guère de place dans les armoires. Cette pratique, qui est venue renforcer l’identification de Marie en tant que pèlerin du Calvaire et disciple du Christ, devient de plus en plus poussée dans le temps, fissurant le sens de la liturgie.
Ce samedi, la Crucifixion de Lastrucci ramènera dans leur quartier toutes les familles qui sont allées au-delà du mur pour ouvrir une nouvelle porte, pour ouvrir ces rues qui n’ont qu’un goût de Hiniesta et pour réveiller les jardins verts de Santa Paula. Juste au coin de la rue, février.