Lorsque Jean-Paul II était en fin de vie, des centaines de fidèles étaient assis en prière sur la place Saint-Pierre. En revanche, après l’annonce de l’état de santé de Benoît, l’animation se poursuit.
La place Saint-Pierre est toujours aussi animée. Les touristes font la queue devant les contrôles d’entrée de la basilique Saint-Pierre, beaucoup prennent des photos et des selfies. Enfants et adultes admirent l’immense sapin de Noël et la grande crèche en bois qui le précède. Les vendeurs de souvenirs vantent les mérites de petits souvenirs du Vatican sur leurs stands mobiles.
24 heures après l’annonce de la nouvelle selon laquelle le pape émérite Benoît XVI serait très malade, rien ne ressemble à l’état d’urgence sur la place Saint-Pierre. Quelques caméras sont installées à l’extérieur des barrières donnant sur la place ; des équipes de télévision allemandes filment l’agitation devant la cathédrale et guettent les visiteurs venus de leur pays. La chaîne de télévision publique Rai a elle aussi installé des podiums de caméras et des cars de transmission – non pas pour Benoît, mais pour la prochaine messe de François au Nouvel An.
Un état toujours grave mais stable
Des nouvelles positives sont arrivées de derrière les imposants murs du Vatican, depuis l’ancien monastère Mater Ecclesiae. « Le pape émérite a pu bien se reposer la nuit dernière, il est absolument lucide et éveillé, et aujourd’hui son état, bien que toujours grave, est stable », a fait savoir Matteo Bruni, le porte-parole du Saint-Siège. François continue toutefois de demander des prières pour Benoît, qui est assisté par son compagnon de longue date et secrétaire privé Georg Gänswein, quatre femmes d’une association religieuse de laïcs et des médecins.
« Il est très malade » – avec ce commentaire sur son prédécesseur, le pape François avait fait sursauter mercredi l’Eglise catholique et certains fidèles. « Nous l’avons entendu dans les médias ; cela nous a beaucoup affectés », raconte un visiteur allemand de la Sarre. Il vient régulièrement à Rome depuis de nombreuses années et a également vu Benoît personnellement, par exemple lors d’audiences générales. « Nous espérons que son état de santé s’améliorera, mais nous craignons que ce ne soit probablement pas le cas », dit l’homme en racontant qu’il a prié pour Benoît, comme le souhaitait François.
De nombreux ecclésiastiques et diocèses du monde entier avaient répondu à cette demande, de l’Argentine à la France et à la Belgique en passant par les Etats-Unis et le Canada. A Rome, où Benoît était également évêque en tant que pape, et dans son pays natal, l’Allemagne, on priait de toute façon pour celui qui était né Joseph Ratzinger.
Sainte Messe au Latran
Une messe pour Benoît XVI sera célébrée ce vendredi soir dans la basilique du Latran, l’une des cinq basiliques papales de Rome, a annoncé le Saint-Siège. Le pape François n’est toutefois pas attendu à cette occasion. L’Argentin de 86 ans avait déjà rendu visite à Benoît mercredi après ses déclarations lors de l’audience générale.
Comme on peut l’entendre de la part de personnes qui connaissent mieux Benoît, le discours de François a également surpris beaucoup de monde au Vatican et surtout autour de Mater Ecclesiae. Certains observateurs supposent que l’Argentin ne voulait pas vraiment faire comprendre que la situation était si grave pour le pape émérite ou que celui-ci était même en train de mourir. Il aurait plutôt voulu inviter les fidèles à prier pour Benoît, déjà très âgé et faible. Le Vatican n’a pas confirmé les informations selon lesquelles l’Allemand aurait des difficultés à respirer ou même que des fonctions vitales importantes s’affaiblissent lentement.
« Il a beaucoup compté pour moi personnellement et m’a beaucoup donné dans le passé », raconte le visiteur allemand originaire de la Sarre. « Cela me fait déjà beaucoup de peine ». Sa femme fait également part de la tristesse qu’elle ressent à cause de l’évolution de la situation. Un homme de Berlin, en visite à Rome avec sa famille, déclare : « Bien sûr, en tant qu’Allemand, cela nous touche un peu ».
Un couple de Dresde raconte avoir appris les nouvelles de Benoît au journal télévisé. Toutefois, ils n’auraient pas tout à fait compris les détails exacts de l’émission italienne et en auraient donc plutôt « pris connaissance », comme le dit le mari. « Nous ne sommes pas croyants », ajoute la femme. Les deux se promènent sur le Campo Santo Teutonico, le cimetière allemand situé juste à côté de la basilique Saint-Pierre. Benoît, lui aussi, a toujours aimé s’arrêter dans ce cimetière, où le jeudi, l’ambiance est très calme et recueillie – contrairement à l’agitation qui règne à quelques centaines de mètres de là.
Mélange de langues dans la basilique Saint-Pierre
Sur la place Saint-Pierre, de plus en plus de personnes font la queue pour entrer dans la cathédrale. On entend un mélange de langues, les gens parlent italien, anglais, espagnol, polonais. On entend rarement parler allemand. Certains s’assoient par terre à côté du grand obélisque au milieu de la place, beaucoup sont plongés dans leur téléphone portable.
En 2005, on a également vu des catholiques assis par terre sur la place Saint-Pierre – lorsque le pape Jean-Paul II était gravement malade à la fin de sa vie. Des jeunes sont restés par centaines sur la place, même la nuit, en chantant, en jouant de la guitare. Des religieuses se sont rassemblées pour des prières collectives. Ces scènes impressionnantes et émouvantes ont été retransmises en direct dans le monde entier, parfois pendant des heures. La situation actuelle, au soir de la vie du pape émérite Benoît XVI, n’est pas comparable à cette époque.