lun. Déc 23rd, 2024

En aucun cas, mon moi fraternel n’aurait imaginé que le premier Nazaréen de sa Semaine Sainte l’assaillirait loin de la capitale. La tour de l’église paroissiale de la Parroquia de la Estrella, recueillie et dressée sur les collines des civilisations primitives, a tracé sa taille tortueuse le long des ruelles du village. Les plus anciennes, en tout cas : des avant-toits bas, des tuiles usées et couvertes de mousse aux angles, des portes ouvertes dont le point de fuite se dilue dans une lueur faible et fantomatique…

Comme ces ancêtres chalcolithiques, érigeant des sanctuaires monolithiques surplombant la mer – une Séville alors inimaginable – les cofrades imitent le silence de la procession. Un silence inconfortable, gris, lourd, né des entrailles de ces cagoules noires qui reflètent leur propre ombre, étant elles-mêmes des ombres, sur la pierre calcaire. Des cloches pitoyables ont marqué le minuit du dimanche des Rameaux à Valencina de la Concepción.. Devant nos yeux étrangers et inaccoutumés, le Christ de la Vera-Cruz était projeté, immense, comme une créature mythologique se détachant d’une colline côtière, avec les siècles saignant sur sa chair verdâtre et pâle. On aurait dit une autre dimension, alors que nous n’étions qu’à quelques mètres, Amarguras, et toute impression d’étrangeté s’est évanouie. C’était la Semaine Sainte dans sa pureté absolue, palpable et humaine, sans horloge ni agitation, en pleine pénitence et d’une beauté délicate.



Connaissances et amis, complices dans nos yeux, se cherchant dans l’obscurité, nous avons hoché la tête et admiré. Ces aperçus, ces bouffées d’air pur et limpide nous réconcilient avec une fête si infinie que nous l’oublions complètement en nous concentrant sur une seule. C’est la semaine sainte des villages. À travers ces collines, nous apercevons la clarté de la ville qui, en ce moment, semble endormie, même si c’est le dimanche des Rameaux. Quels deux mondes, quelles deux moitiés, quels deux temps…

Accessible et abordable, la Semaine Sainte se fraie un chemin à travers le tracé des villages, qui conservent encore cette racine primordiale avec un pouls. Les noms seuls nous plongent dans une capsule spatiale incorruptible : Vera-Cruz, Soledad, Nazareno… Pendant ce temps, la Virgen de los Dolores s’approche des ruelles et des surplombs, discrète, comme une constellation unique dans le ciel de l’Aljarafe. Sur la place du village, le crucifix nous attendait, une image qui a fini par nous faire grimacer tant elle était simple. Le naturel absolu de l’authenticité, celle qui ne succombe pas aux faux complexes. En même temps, les deux chars semblaient fermer la porte de la Semaine Sainte alors qu’en réalité, elle venait de naître.

Margot, Soleá… Un palio de cajón, une dolorosa captivante, des orangers ouverts, des nazaréens plongés dans leur propre pénitence, exemplaires dans leur performance. Et les voisins : les petits enfants qui courent, les amis au coin du bar, le vieux couple, l’étreinte des retrouvailles, les vieilles mains croisées sur les joncs des portes… Nous avons découvert, avec étonnement et perplexité, que les La Semaine Sainte respire encore l’authenticité dans ses manifestations les plus sincères. Elle est vivante, elle existe, à deux pas et à une heure de route. univers.

By Nermond

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