Les taux d’intérêt zéro et les milliers de milliards de dollars et d’euros injectés dans le système financier par les banques centrales n’ont pas résolu le problème de la dette mondiale. Ils l’ont seulement congelé. Au contraire, ils l’ont submergé sous un raz-de-marée d’argent. Maintenant que la marée monétaire se retire, même beaucoup plus brusquement que prévu, la montagne de dettes refait surface et semble inquiétante.
Au début de 2022, la dette totale des gouvernements, des entreprises et des ménages a atteint le niveau record de 305 000 milliards de dollars. a calculé leInstitut de finance internationale (Iif), qui associe toutes les grandes banques du monde. Dans les six mois qui ont suivi, alors que les taux commençaient à remonter, la montagne de dettes s’est réduite à environ 290 000 milliards de dollars. Nous sommes loin de l’histoire, mais l’Iif écrit qu’il y a un « ferment de crise ».
C’est également ce que craignent les analystes de S&P qui, dans une étude publiée vendredi dernier, appellent à des compromis et demandent une « Grande remise à zéro « , une grande remise en question de l’état d’esprit des décideurs politiques et de la volonté des gens d’accepter un environnement changeant dans lequel l’emprunt reste essentiel, mais devient également coûteux. « Il n’y a pas de moyen facile de maintenir l’endettement mondial à un faible niveau », écrivent les analystes de l’agence de notation, « les compromis nécessaires entre les dépenses et l’épargne incluent des emprunts plus prudents, la réduction des dépenses excessives, la restructuration des entreprises à faible rendement et l’amortissement des dettes moins productives.
Une dette élevée en période de taux élevés crée mille problèmes collatéraux. Martin Wolf l’historien responsable de la Financial Timesa tiré la sonnette d’alarme de la Banque mondiale sur la dette des pays pauvres (15% sont en difficulté pour rembourser leurs créanciers, 45% risquent de l’être bientôt, le Sri Lanka, le Ghana et la Zambie ont déjà fait faillite), en joignant une proposition de restructuration complexe pour régler le problème « avant qu’il ne soit trop tard ». Avant que ne s’enclenche une série de défauts de paiement de la part d’États souverains pauvres, ce qui représenterait « une catastrophe humaine et une énorme faillite morale », avec de nombreuses conséquences pratiques dévastatrices, y compris pour l’Europe, géographiquement proche de nombreux États en difficulté.
Sur le blog de la Banque centrale européenne Mais hier, trois économistes ont mis en évidence le problème des bilans des entreprises : les entreprises surendettées investissent peu en temps de crise et si on n’aide pas les entreprises à investir, les objectifs européens d’innovation, de croissance et de transition énergétique deviennent inatteignables.
L’Italie semble envisager relativement sereinement la réapparition du problème de la dette. Il semble paradoxal, pour le pays qui avec 2 765 milliards d’euros de dette publique est l’un des plus grands débiteurs du monde. Le fait est que l’augmentation du PIB réel produite par l’inflation permet de réduire le ratio dette/PIB, qui est le paramètre central pour mesurer la viabilité d’une dette publique. Selon les estimations, le ratio dette/PIB est passé de 154,9 % en 2020 à 145,7 % en 2022, et dans la note d’actualisation du Def, le gouvernement a indiqué que la réduction se poursuivra jusqu’à ce qu’il soit ramené à 141,2 % en 2025.
Hier, S & P a présenté son analyse de scénario sur l’Italie sans alarmes particulières : malgré le fait que nous nous dirigeons vers une petite récession suivie d’une modeste reprise (-0,1% la prévision sur le PIB de 2023) et que le Btp à 10 ans en 2024 devrait atteindre un taux moyen de 5,2% (contre 3,7% actuellement), l’Italie selon l’économiste en chef Sylvain Broyer part d’une situation positive. Cela est dû à la « plus grande résilience des banques » qui ont des bilans solides, aux outils dont dispose la BCE pour contrer la spéculation sur les dettes de la zone euro, à la disponibilité des fonds Next Gen Eu et aussi à la « plus grande compétitivité » de l’Italie par rapport à ses principaux concurrents européens (à commencer par l’Allemagne). Un effet, ce dernier, des salaires qui n’augmentent pas comme ailleurs.© reproduction réservée